Ouvert en septembre 2020, le Four Seasons Hotel Tokyo-Otemachi réinterprète subtilement la tradition japonaise selon les codes de l’esthétique occidentale d’aujourd’hui. L’aménagement a été conçu par Denniston, cabinet international spécialisé en hôtellerie.

Situé au centre du quartier d’affaires de Tokyo et surplombant le palais Impérial sur lequel il offre une vue panoramique, le Four Seasons Hotel occupe les six derniers étages d’une tour qui en compte 39, les niveaux inférieurs accueillant des bureaux. Un concept atypique en Occident mais fréquent au Japon, notamment à cause du coût du foncier. Pour atténuer l’austérité de la façade, le lobby de l’entrée, qui se situe au rez-de-chaussée, a été conçu d’une manière sensorielle. À l’image de la « boîte » traditionnelle nippone, le jyubako, il est imbriqué dans un cadre de panneaux en bois massif, laqués pour donner du relief sans pour autant tomber dans l’interprétation formelle.

Jeu d’eau et lévitation

La clientèle est invitée à se diriger vers le hall de la réception, qui se trouve au trente-neuvième étage dans un espace aéré et spacieux doté d’un dôme et d’une hauteur sous plafond de 6 m. Un grand lustre de style occidental auquel est subtilement agrégée une calligraphie japonaise signifiant « saison » est suspendu à la partie inférieure du dôme. Les couleurs or et noir donnent une tonalité subtile à l’ambiance générale. La subtilité réside aussi dans le respect des traditions, qui a conduit l’équipe à concevoir un jeu d’eau destiné à dévier les regards du palais Impérial ; car dans la coutume japonaise, il n’est pas courtois de le regarder directement. Ce jeu d’eau dans lequel se reflète le ciel provoque une impression de lévitation, moment véritablement magique offert aux clients de l’hôtel.

Les couleurs or et noir donnent une tonalité subtile à l’ambiance générale.

 

Se sentir chez soi

« La diversité culturelle du pays [nous] a poussés à créer une expression contemporaine des valeurs traditionnelles pour ce projet, sans arrogance ni sentiment de domination. Nous visons à accroître le sentiment d’un « chez-soi loin de chez soi » avec une atmosphère accueillante, chaleureuse et bienveillante dans une des villes les plus dynamiques du monde », développe dans la communication officielle Jean-Michel Gathy, architecte belge fondateur du cabinet Denniston. Des propos approuvés par sa collaboratrice Keiko Tsuchiya, architecte d’intérieur senior. Celle-ci travaille depuis une douzaine d’années chez Denniston et maîtrise parfaitement les codes de l’hôtellerie internationale. Son rôle d’interface avec le constructeur japonais du bâtiment a été primordial : celui-ci a imposé des normes et des contraintes qu’elle a su intégrer sans dénaturer le projet d’origine.

Savoir contenter les demandes des clients

Ainsi, les trois concepts fondateurs – « Le sens du lieu », « Chez-soi loin de chez soi » et « L’Est rencontre l’Ouest » – ont été réfléchis et déclinés dans les espaces communs dont les quatre restaurants, le spa, la piscine et la salle de réception, ainsi bien sûr que dans les 193 chambres et suites pour offrir un maximum de confort et de bienêtre à une clientèle venant de pays lointains. L’architecte japonaise voit dans son projet un exercice d’équilibre au style éclectique, et ajoute que « les services d’un hôtelier doivent satisfaire la diversité des demandes toujours plus pointues de chaque client, qui est unique. Les concierges d’hôtel haut de gamme doivent s’adapter avec de plus en plus de flexibilité au rythme et aux souhaits de la clientèle. » Sans pour autant négliger la santé et la sécurité, des préoccupations inhérentes aux lieux recevant du public. Mais l’inspiration créative permet de repousser les limites du possible. « À travers notre métier, je conçois le luxe comme un moyen d’offrir à la clientèle un espace-temps pouvant devenir un moment spécial, voire symbolique, de la vie, qui sera ancré à jamais dans sa mémoire », conclut Keiko Tsuchiya.

La diversité culturelle du pays a poussé à créer une expression contemporaine des valeurs traditionnelles pour ce projet, sans arrogance ni sentiment de domination.