Célèbre essence à la teinte rosée, le bangkirai est très apprécié sous nos climats européens pour sa résistance et sa durabilité. Souvent utilisé en lames de terrasse ou dans le nautisme, il est également plébiscité pour l’aménagement intérieur. La preuve avec ce «village» flottant indonésien.  

Voici quelques années, un groupe d’amis s’est associé pour demander à l’architecte allemand Alexis Dornier de construire le village flottant de leurs rêves, au milieu d’une forêt tropicale au cœur de Bali, en Indonésie. Le projet est composé de trois structures sur pilotis entourant un bassin commun et un espace solarium, traversant des formes fluides comme des passerelles, des jeux d’eau et des parterres de fleurs. Le plus grand bâtiment est niché sur un terrain en pente surplombant un petit ruisseau qui passe devant la propriété, tandis que le studio et la maison d’hôtes sont implantés à l’entrée du site.

 

Bangkirai, l’essence reine

Des poutres en béton servent de support à ces maisons en bangkirai (ou bengkirai). Cette essence tropicale rose ou rose-brun, répandue en Asie du Sud-Est, est importée en France en grandes quantités, car souvent utilisée en lames de terrasse du fait de sa haute résistance et de sa durabilité. Le bois, dur et lourd, offre une rigidité, une stabilité dimensionnelle et une tenue aux chocs élevée ainsi qu’une excellente résistance à la pourriture. Il constitue une alternative au teck, car plus facile à débiter et à travailler. Selon l’atelier Alexis Dornier, «les principales raisons pour lesquelles nous utilisons le bangkirai sont sa couleur et sa durabilité. En Indonésie, nous avons deux bois durs qui supportent le climat tropical: le bois de fer (ironwood) et le bangkirai. Nous voulions un coloris global léger, beau, ce que permet le bangkirai – qui est d’ailleurs l’un des principaux produits ici; l’utiliser à la fois en intérieur et à l’extérieur apporte l’uniformité que nous recherchions.»

 

Voyager dans un parc naturel…

Les structures créent un ensemble qui s’intègre dans le feuillage de grands arbres fournissant ombre et intimité. Les arbres deviennent la canopée des lieux de repos extérieurs, dans un aménagement paysager ressemblant à un parc miniature. «Ces nichoirs se fondent dans la nature et leurs plans d’étage pivotants créent des sculp- tures habitables expressives qui établissent des relations passionnantes avec l’extérieur, tout en restant très pré- sentes en tant qu’interprétations de l’idée d’une maison. L’exploration de ces structures est un véritable voyage à travers un arrangement tridimensionnel en forme de labyrinthe rayonnant depuis leurs éléments centraux.»*

 

… et habiter une sculpture

Des ouvertures soigneusement conçues ouvrent des vues différentes selon les bâtiments. Toutes les chambres ont des hauteurs et des dimensions variables. Les fenêtres présentent différents formats pour orienter le regard vers le sol ou vers le ciel. Ces sculptures habitables composent un assemblage de volumes en pierre andésite (roche vol- canique) et terrazzo abritant des éléments de circulation et des salles de bains, tandis que les espaces principaux sont revêtus de bois à l’intérieur comme à l’extérieur. L’éclairage doux, indirect et intégré contribue à rendre cet espace confortable et habitable «détaché de la terre et rougeoyant comme une lanterne au milieu du vert abondant». Un habitat d’exception, qui n’est toutefois pas à la portée de toutes les bourses: une semaine de location d’une de ces maisons vous coûtera la modique somme d’environ 2200 euros.