À 43 ans, Sébastien Rückert est un chef d’entreprise accompli. Fondateur de la très réputée structure Lin & Art Agencement, spécialisée en agencement commercial, il présente un parcours atypique au cours duquel il a plusieurs fois dû réagir face aux écueils et rebondir. Mais toujours avec ambition, et surtout avec réussite. À 43 ans, Sébastien Rückert est un chef d’entreprise accompli. Fondateur de la très réputée structure Lin & Art Agencement, spécialisée en agencement commercial, il présente un parcours atypique au cours duquel il a plusieurs fois dû réagir face aux écueils et rebondir. Mais toujours avec ambition, et surtout avec réussite.

Une petite demi-heure de route depuis la gare de Nantes nous conduit vers Saint-Hilairede-Chaléons et ses 2 500 âmes. La bourgade bucolique du Pays de Retz, dont l’histoire est intimement liée aux guerres de Vendée, abrite une petite – mais dynamique ! – zone industrielle. Coincé au fond d’une impasse, c’est là que se situe le siège de Lin & Art, la société spécialisée en agencement fondée par Sébastien Rückert, où nous avons rendez-vous. Après un tour détaillé du « domaine », et notamment du vaste atelier à l’organisation et à la propreté exemplaires, le dirigeant nous accueille dans son bureau : une petite pièce épurée et design, où la table de réunion occupe la majeure partie de l’espace et où le meuble bureau lui-même se résume à un discret aménagement intégré et dissimulable le long d’un mur. À l’image de l’homme finalement: sobre mais élégant, modeste mais soigné jusque dans les moindres détails… même quand ils ne sont pas encore totalement fignolés! Les locaux administratifs s’étant refait une beauté il y a peu, tout n’est pas encore « parfait » : absence de signalétique dans les couloirs, alcôve restant à capitonner dans son bureau… jusqu’à la hauteur mal réglée du lustre au sujet de laquelle il s’excuserait presque. C’est dire le perfectionnisme du dirigeant et la réflexion précise établie lors de la conception de l’aménagement – une qualité que l’on retrouve évidemment dans tous les projets auxquels participe la société.

De surprises…

Son entreprise, Sébastien Rückert l’a bâtie à la sueur de son front, après un parcours semé d’embûches. La première d’entre elles nous renvoie plus de vingt-cinq ans en arrière, au moment crucial de trouver un atelier acceptant de l’accueillir afin qu’il puisse concrétiser sa formation en apprentissage. Après 24 refus, il toque à la porte d’une vingt-cinquième structure : KMF Production, une entreprise d’agencement de SaintePazanne, en Loire-Atlantique. Le dirigeant de l’époque lui fait alors une double promesse, dont Sébastien Rückert se souvient presque mot pour mot: « Il m’a juste demandé si j’étais motivé et prêt à bosser dur, se remémore-t-il non sans un brin de nostalgie. Et sans rien de plus officiel que sa parole, il a même ajouté que si j’étais bon il m’engagerait à la fin de mon alternance. Après de nombreuses déconvenues et du haut de mes 16 ans, c’était inespéré. » La parole fut tenue et le jeune Sébastien se retrouve même responsible d’équipe à la fin de sa première année de brevet professionnel. Confirmant son potentiel, il est parachuté – presque contre sa volonté – au bureau d’études de la structure peu de temps après. « Il y avait un savoirfaire extraordinaire dans cette boîte. » Mais en 1999, le groupe Media6, spécialisé dans le marketing et la publicité sur les lieux de vente, diversifie ses activités en acquérant plusieurs sociétés d’agencement, dont KMF. Nouvelles façons de faire, nouvelles manières de travailler, nouvelle hiérarchie… « Je ne m’y suis pas retrouvé, regrette-t-il, alors j’ai décidé de démissionner. »

… en déceptions…

Le rebond ne se fait pas attendre, et le jeune professionnel rejoint Alpha Partners, une entreprise de maîtrise d’œuvre de Saint-Nazaire qui recherchait un spécialiste en agencement. « Elle avait comme vocation de faire monter en compétences ses collaborateurs, mais je me suis rapidement rendu compte que cette montée en compétences devrait se faire par moi-même et sur le tas. Je devais tout gérer, pas seulement la partie aménagement, alors que j’étais loin d’être un expert polyvalent. » Et l’histoire se termine inéluctablement et prématurément par une seconde démission pour fuir cette nouvelle déception. En dépit des déconvenues, Sébastien ajoute « malgré lui » de nouvelles cordes à son arc en se perfectionnant en agencement, bureau d’études, maîtrise d’œuvre… des compétences qu’il saura mettre à profit plus tard. Et en bon spécialiste du rebond, il retrouve rapidement une place dans la petite menuiserie Blanchet, avec laquelle il avait déjà collaboré du (court) temps d’Alpha Partners.

… et de prémices…

Il passera quatre années au sein de cette structure familiale s’adressant principalement aux particuliers, au cours desquelles il n’aura de cesse de développer la partie agencement – on ne se refait pas – en plus d’une certitude pour le futur: il travaillera le moins possible, voire plus du tout, pour les particuliers. « Pour moi, la cohabitation entre le professionnel et le particulier est irréalisable. Faire de l’agencement chez les particuliers, ce n’est pas vraiment le même métier. » Il s’y tiendra car depuis 2018, Lin & Art ne s’adresse plus qu’aux professionnels. Mais avant que cette sociéte ne devienne ce qu’elle est actuellement, plusieurs étapes se sont succédé.

Dont une majeure en 2006 : la séparation de la partie agencement et de la partie menuiserie chez Blanchet, officialisée par la création pure et simple d’une nouvelle structure. Lin & Art Agencement était née. Pour ce faire, Sébastien Rückert a dû racheter les parts correspondant à ladite activité agencement de la société Blanchet.

… en ambitions

Les banques ont suivi, les financements ont été trouvés, et Lin & Art a enfin pu entamer son développement… ou presque, car il fallait bien encore quelques difficultés pour pimenter l’histoire. L’une notamment a été particulièrement handicapante : la construction du bâtiment de Saint-Hilaire-de-Chaléons a pris plus d’un an de retard ! « Le terrassement et la dalle ont été complètement ratés, il a fallu tout refaire et investir dans l’affaire 400 000 euros supplémentaires. De l’argent dépensé en plus et des clients en moins faute de locaux, l’équation était suicidaire ! » Heureusement, les gros soucis s’arrêtent là, et passé cette période tendue l’activité a pu battre son plein avec de nombreux projets et un chiffre d’affaires en constante augmentation. À tel point qu’une nouvelle idée a germé dans l’esprit du chef d’entreprise, pour finalement se concrétiser début 2020 : « En plus de nos activités habituelles, nous avons développé un gros pôle de maîtrise d’œuvre, ce qui nous mettait en compétition avec des agences d’ingénierie par exemple. Mais la distinction était difficile à faire au sein même de Lin & Art, alors pourquoi ne pas dissocier le tout ? » Et la petite structure héritée de Blanchet est devenue un groupe.

Renaissance…

« Ils m’ont tous pris pour un fou », s’amuse Sébastien Rückert. Par « tous », il sous-entend les autres membres du conseil d’administration de l’association Novéha, dont il est président élu depuis 2020. Pour l’anecdote, Novéha est le nouveau nom de l’Afpia, organisme de formation où il a réalisé son apprentissage dès ses 16 ans – la boucle est bouclée. « C’était au moment du premier confinement, insiste-t-il, la plupart des membres étaient logiquement préoccupés par la santé de leurs entreprises respectives, et je leur annonce – en visio ! – qu’en à peine un mois j’avais tout changé ! » Car ce qui n’était qu’une perspective s’est transformé en une ambition assumée puis en réalité : le groupe JHK a vu le jour le 1er avril 2020. Il se compose de trois entités complémentaires: Lin & Art évidemment pour la partie agencement, qui compte une quarantaine de personnes; Quadratis, qui concentre l’activité maîtrise d’œuvre autour de cinq personnes; et Oralians, uniquement dédiée à l’ingénierie et à la rénovation de chambres d’hôtel, avec trois collaborateurs.

… et expansion

Le risque a payé. Alors qu’en 2019 Lin & Art représentait environ 6 millions d’euros de chiffre d’affaires, en 2022 le groupe JHK a réalisé trois fois plus: 5,8 millions pour Lin & Art, 4,5 millions pour Quadratis et 8 millions pour Oralians. «Nous nous revendiquons agenceurs mais nous intervenons très en amont pour tous les projets, en apportant également beaucoup de conseil et d’expertise. » Le groupe travaille dans toute la France, et ponctuellement dans la zone euro et les DOM-TOM, pour divers projets d’ERP commerciaux, toujours sous architecte : hôtels, restaurants, boutiques, musées… avec un savoir-faire historique dans l’aménagement des pharmacies! Si l’ascendance des équipes leur fait travailler le bois le plus souvent, elles ne s’interdisent pas de se frotter à d’autres matériaux comme le métal, le verre ou le Corian, tout en pouvant intégrer des accessoires et solutions de serrurerie ou d’électricité par exemple.

Renommée présente…

Surtout, l’attractivité et la réputation du groupe autorisent à la société un « luxe suprême » : pouvoir trier et choisir ses projets. «Nous ne voulons pas bosser sur des sujets où il n’y a pas de valeur ajoutée. » Et s’il doit désigner un secteur en particulier entrant dans leur champ de compétences, Sébastien n’hésite pas une seconde : « La muséographie ! C’est mon secteur plaisir. Ce sont des opportunités extra-ordinaires de pouvoir travailler dans de tels lieux chargés d’histoire – même si c’est parfois contraignant en termes d’organisation de chantier. Mais bosser de nuit sous la pyramide du Louvre par exemple, c’est incomparable, presque irréel. » Outre pour le plus grand musée du monde, le groupe est également intervenu au château de Versailles, au musée d’Orsay, au Centre Pompidou… entre autres. « C’est un secteur qui a beaucoup d’avance en termes de scénographie, d’utilisation et d’intégration des nouvelles technologies. »

… et perspectives d’avenir

Et quand la santé financière va, les investissements et les projets vont de pair. Depuis deux ans, le groupe a créé quinze nouveaux postes. Encore plus récemment, l’atelier de Lin & Art s’est doté d’une nouvelle scie avec un stockeur flambant neuf, qui facilite grandement le travail des opérateurs et leur permet de gagner un temps précieux. Un « investissement à l’efficacité » qui aura coûté la somme rondelette de 400 000 euros tout compris. Et l’évolution – ou plutôt l’expansion – ne s’arrêtera pas là. Deux importants projets sont encore dans le viseur du dirigeant: l’extension dans les années à venir de l’atelier de Saint-Hilairede-Chaléons pour une surface supplémentaire de 1 500 m2 , et à plus ou moins long terme la diversification des activités du groupe JHK grâce à une réserve foncière de 8 000 m2 déjà acquise… Et Sébastien Rückert de conclure ce long entretien sur une dernière remarque conjoncturelle, qui lui permet une maxime rappelant étrangement ses débuts chez KMF : «Nous savions que l’année 2023 serait compliquée, mais nous y étions préparés et nous l’avions anticipé. On peut toujours réussir quelle que soit la situation, il faut juste être prêt à travailler dur pour y parvenir. » Cela ne fait aucun doute, cet entrepreneur saura rebondir quoi qu’il advienne.