Réfléchir dès l’amont d’un projet à l’usage des matériaux, à leur cycle de vie et à leur impact environnemental, telle est la nouvelle donne qui s’impose aux acteurs de la construction. Comment
(faire) prendre conscience d’un tel enjeu et s’orienter vers une économie plus circulaire ? Éléments de réponse à travers différents exemples d’initiatives.

  • Conseiller et produire pour généraliser l’économie circulaire

Selon les chiffres avancés par le ministère de la Transition écologique, sur les 46 millions de tonnes de déchets issus chaque année du BTP, 49 % proviennent de la démolition, 38 % de la réhabilitation, et 13 % de la construction neuve. Aujourd’hui, le taux global de valorisation de ces déchets varie, selon les sources, de 48 % à 64 %. Avec des différences très nettes selon l’activité
: de 60 % à 80 % pour la démolition, de 10 % à 30 % pour la réhabilitation, de 40 % à 60 % pour la construction neuve ; et selon le type de déchets : de 60 % à 70 % pour
les déchets inertes, et de 30 % à 50 % pour les déchets non dangereux non inertes.
Concrètement, quel est le schéma du réemploi ? Fondée par Noé Basch, Mobius est une entreprise spécialisée dans le conseil en réemploi et la production de matériaux de construction reconditionnés : « Nous conseillons aux maîtrises d’ouvrage de déconstruire au lieu de démolir. Pour cela, nous réalisons un diagnostic ressources et nous les cataloguons. Ensuite, nous créons un schéma directeur qui permet de mieux comprendre quels sont les matériaux à garder par intérêt économique ou technique, et ceux à donner. Nous publions ce catalogue auprès des associations d’artisans qui, s’ils sont intéressés, viennent déconstruire directement sur le chantier. Nous gérons toute cette partie opérationnelle et réalisons un bilan social et environnemental de l’opération. » Une première phase plus abordable que de solliciter directement le réemploi des matériaux dans la construction. Car dans un second temps, il reste à convaincre les maîtrises d’oeuvre d’intégrer ces matériaux dans la construction – ce qui nécessite une étude de faisabilité technique et architecturale, de la conception à la réalisation. Il faut alors dénicher les ressources et localiser les chantiers de déconstruction, trouver les reconditionneurs et travailler la mise en relation entre les entreprise de dépose, de construction et de maîtrise d’ouvrage, sans oublier de respecter les réglementations, notamment au niveau des assurances.

« Mobius est une entreprise spécialisée dans le conseil en réemploi et la production de matériaux de construction reconditionnés. »

La production s’effectue dans l’usine de 3 600 m2 de Rosny-sous-Bois (93), opérationnelle depuis deux ans, où une équipe de 12 personnes reconditionne les faux planchers récupérés qui représentent environ 50 % des chantiers en France. Le processus consiste à enlever la colle qui se trouve derrière la moquette, avant de poncer, ragrafer et re-palettiser. Le laboratoire teste les ruptures de charge, la résistance au feu, les caractéristiques électromagnétiques et acoustiques afin de réassurer le produit pendant dix ans ; ce produit reconditionné sera labélisé Mobius. La capacité de production de l’usine est en constante progression (+ 15 % en 2021).

Quid du coût de l’opération ? Au final, les honoraires de Mobius sont compensés par les économies réalisées sur le process habituel de démolition (main-d’oeuvre, machines, transport et mise en déchetterie). Ici, la maind’oeuvre pour la dépose, réalisée par des associations, est gratuite. Les produits reconditionnés ne seront toutefois pas moins chers : « Il nous a été difficile de faire comprendre que le faux plancher reconditionné est plus cher que les produits neufs, car souvent les gens pensent que le reconditionné, c’est de l’occasion. Mais non ! Le reconditionné nécessite de la main-d’oeuvre. Derrière le réemploi, il y a de l’emploi, et donc il faut le payer. Déconstruire pour transporter et reconditionner, in fine, cela revient plus cher. En revanche, cela permet d’économiser 75 % de carbone. Aujourd’hui, nous ne vendons pas tant des faux planchers que de l’économie carbone. La question est d’économiser un kg de CO2 de la façon la moins onéreuse possible lors de la construction », souligne Noé Basch.

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  • Une plateforme de recherche pour sensibiliser au réemploi

Créée en 2017 par le Pavillon de l’Arsenal, en lien avec la Ville de Paris et avec le soutien de la Caisse des dépôts et de l’entreprise EDF, la plateforme Faire est devenue le premier accélérateur de projets architecturaux et urbains innovants, à destination des architectes, designers, urbanistes, des étudiants et de tous les acteurs de la ville.
De nombreux projets ont déjà fait l’objet de réflexions et de développements sur le réemploi des matériaux, à Paris et dans ses alentours. En mai et juin 2018 par exemple, l’architecte Clarisse Merlet a réalisé 1 453 briques en textile de réemploi à partir de 600 kg de vêtements de coton broyés. Ce projet FabBRICK propose d’agir contre le gaspillage du textile et d’en faire un matériau de construction, des briques autobloquantes qui peuvent être assemblées différemment pour séparer des espaces, pour une monter une paroi isolante ou même pour créer du mobilier.

 

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  • Le secteur tertiaire à la pointe du réemploi

Entrée en vigueur le 1er janvier 2022, la loi Agec, dont l’objectif est de lutter contre le gaspillage et de promouvoir l’économie circulaire, oblige les acheteurs publics à consacrer au moins 20 % de leurs achats annuels à des produits reconditionnés ou issus du réemploi. Flore-Anne de Clermont, chef de projet innovation chez Valdelia, témoigne. « La demande d’entreprises tertiaires souhaitant acquérir du mobilier issu du réemploi ou upcyclé est en croissance constante. Il faut préciser que les produits d’upcycling proviennent des matériaux de réemploi. Si on ne communique pas là-dessus, les utilisateurs ne sont pas au courant du premier cycle de vie. En revanche, il est évident que les produits de réemploi n’ont pas le même aspect que le neuf en termes de design, de régularité des matières, de couleurs. Il faudra donc faire une concession sur certains points pour intégrer et optimiser le réemploi. »

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  • Salons professionnels et durabilité

Les organisateurs de salons professionnels se penchent eux aussi sur le réemploi des matériaux utilisés pour la construction de leurs espaces, ainsi que sur la quantité de carbone rejetée durant ces événements. Deux exemples récents, à Paris et à Milan, ont prouvé leur intérêt pour cette problématique.

La dixième édition du FIBC (Forum international Bois Construction), qui s’est tenue à Paris en juillet 2021, a été organisée au Grand Palais éphémère – un édifice conçu par l’agence d’architectes Wilmotte & Associés, dont les projets sont toujours pensés de façon écoresponsable. Ce bâtiment supplée le Grand Palais, actuellement en travaux, et accueille des événements professionnels et publics, ainsi que des compétitions sportives…

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