Actineo a publié en 2021 les résultats d’une enquête internationale intitulée «Où et comment travaillerons-nous demain dans les grandes métropoles?». Cette étude pointe la réalité du télétravail, et la quête d’un équilibre entre vie professionnelle et vie privée dans laquelle les tiers-lieux de proximité apparaissent comme une passerelle reliant bureau et domicile. L’entreprise devient un lieu de sociabilisation pour des discussions informelles et professionnelles, et les bureaux un outil permettant de s’isoler et de se concentrer, tout en encourageant le travail d’équipe et en favorisant le bien-être.

Les bureaux fermés et les postes attribués persistent-ils ?

Actineo est un observatoire créé par l’Ameublement français et dédié à l’analyse de la qualité de vie au travail. Pour cette étude, ce ne sont pas moins de 2600 salariés et indépendants issus de cinq grandes régions métropolitaines qui ont répondu, travaillant dans les secteurs géographiques d’Amsterdam-Rotterdam-La Haye, Londres et Paris pour l’Europe, Singapour pour l’Asie, et San Francisco-Seattle pour les États-Unis. Parmi les personnes interrogées, 49% travaillaient dans un bureau fermé, et 62% se déclaraient tout à fait satisfaites de leur qualité de vie au travail. 17% étaient déjà installées en flex office avant la pandémie. Et pour le travail de demain, 50% souhaitent un bureau fermé et un poste attribué; seules 30% optent pour un poste non attribué.

En 2022, on ne conçoit plus les immeubles et les plateaux de bureaux comme dans le passé.

«En 2022, on ne conçoit plus les immeubles et les plateaux de bureaux comme dans le passé. Aujourd’hui, les dirigeants souhaitent faire revenir leurs collaborateurs sur le lieu de travail pour échanger. Ces bureaux sont considérés comme un hub d’interfaces et de connexions sociales», analyse Stéphane Bernaux, directeur du pôle Workspace de l’entreprise Parella, cabinet de conseil en immobilier d’entreprise, en aménagement d’espaces de travail et en organisation, spécialisé dans les espaces de vie immersifs au travail. Son expertise s’effectue soit de façon contractuelle en qualité de conseil et assistance du maître d’ouvrage ou du maître d’œuvre, soit en contractant général pour accompagner les projets dans leur globalité. Ses interlocuteurs ont eux aussi évolué: si, par le passé, les maîtres d’ouvrage étaient directeurs immobiliers, responsables des services généraux…, aujourd’hui, ce sont plutôt les DRH des entreprises qui prennent le contrôle des projets immobiliers; c’est avec eux que sont définis les besoins et les contraintes d’organisation.

Les espaces de bureaux individuels perdent totalement pied au profit des espaces collaboratifs formels ou informels.

Et Stéphane Bernaux d’illustrer: « Les espaces de bureaux individuels perdent totalement pied au profit des espaces collaboratifs formels ou informels prenant la forme d’espaces de réunion, de bulles, de box ou d’espaces lounge-salon – autant de moyens pour créer des liens. Les bureaux perdent leur caractère statutaire même en termes de design, afin de trouver un aspect ludique. Notre point fort, c’est de pouvoir proposer ce supplément d’âme et d’attractivité afin que les futurs collaborateurs y viennent.» Ainsi, des éléments décoratifs peuvent venir se greffer dans l’univers du travail pour en tirer la culture et l’ADN propres à chaque entreprise. «Ce qui est certain, c’est que nous nous intéressons désormais plus à l’homme qu’à l’organisation même de la société. » Emmanuel Fougère, président de l’entreprise Quadrilatère (experte en conception et aménagement d’espaces de travail) constate pour sa part que «bien avant que la crise sanitaire soit installée, il était déjà courant d’aménager de grands espaces communs au sein de bureaux du type open space. Mais cela a pris encore plus d’ampleur depuis, ainsi que la qualité environnementale du travail, qui ne cesse d’être au cœur des préoccupations des entreprises. Il est toutefois prématuré de décrire des solutions adaptées, car nous ne sommes toujours pas sortis du tunnel…» L’obligation du télétravail a impliqué la réduction des superficies générales d’espace bureaux, pour des raisons sanitaires et économiques. Il précise que « si le ratio d’espace privatif pour s’isoler ou se reposer a été réduit au profit de l’espace commun, la qualité acoustique et le confort général ont été nettement améliorés»

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