Yann Martin et Benjamin Clarens, architectes associés, ont fondé CUT Architectures en 2008. Aujourd’hui, cette équipe d’une douzaine de personnes travaille sur des sujets variés, allant du simple objet à des projets d’architecture et de design globaux. L’hôtel Pullman Paris Montparnasse en est la figure de proue : inauguré en décembre 2021, il est avec 957 chambres l’un des plus vastes de la capitale. Explications avec Benjamin Clarens.

 

Le groupe Accor vous a-t-il imposé des chartes à respecter pour la réalisation de ce projet ?
Le Pullman Paris Montparnasse fut pour nous le premier projet d’hôtel à concevoir en intégralité. En soi, un hôtel est la combinaison de plusieurs programmes que nous avons déjà abordés. Le groupe Accor a lancé deux concours en 2016 : l’un concernant les chambres et l’autre pour les services généraux (lobby, ballroom). Nous avons gagné ces deux concours, et à la suite de ce parcours, on nous a demandé de travailler la partie food & beverage et rooftop. À côté des chartes inhérentes au label Accor, Pullman s’est montré ouvert aux propositions. Notre projet global mettait en cohérence les chambres et les services généraux : il s’agissait de raconter une histoire commune, qui prend son sens au moment où l’on pousse la porte de l’hôtel ou celle de sa chambre.

Comment avez-vous abordé et réfléchi ce concept ?
Nous avons abordé l’ensemble de ce bâtiment énorme et vertical avec une approche d’urbanistes. C’est-à-dire en réfléchissant à une organisation globale, avec des chambres géométriques très claires qui allaient permettre d’optimiser l’offre et les espaces. Toute la partie de connexion au lobby ou au restaurant et au bar est travaillée sous une forme concentrique. Les dessins de mobilier fixe et le plafond sont réfléchis sous une forme circulaire, tout comme le très grand lustre suspendu du lobby. Le principe est de connecter visuellement les espaces pour faire comprendre aux clients l’offre dans l’hôtel, de décloisonner pour rendre visible. Les formes concentriques se retrouvent également à l’étage, dans les dessins de luminaires et les éléments du mobilier. Nous avons limité la palette de couleurs pour trouver une uniformité.

 

Nous avons abordé l’ensemble de ce bâtiment énorme et vertical avec une approche d’urbanistes.

 

Concrètement, comment ces éléments s’imbriquent-ils pour attirer des clients aux attentes différentes ?
Avant la restructuration de l’hôtel, l’accueil se trouvait au rez-de-chaussée, de plain-pied, donnant sur rue. Aujourd’hui, un petit accueil se trouve toujours au rez-de-chaussée, mais il est connecté au lobby principal par deux escalators, sept à huit mètres au-dessus du niveau de la rue. Le groupe Accor avait peur que le lobby ne soit pas très lisible, mais nous avons résolu ce souci grâce à l’énorme lustre en courbe, d’une longueur de 15 m, qui intègre les éclairages. L’autre défi fut la programmation de cet hôtel énorme, de le concevoir comme un lieu de destination en diversifiant l’offre. Umami est un restaurant de burgers sur 600 m2, dont l’espace de 280 places peut se transformer en salle de petit déjeuner et être recloisonné en fonction des demandes – professionnelles par exemple. On trouve également un corner café développé par Coutume, un bar, le restaurant italien Fi’lia ou encore le Skybar, qui remplace l’ancien local technique en toiture. Les clientèles sont très variées, allant de familles qui viennent manger un burger le midi à des personnes qui arrivent vers minuit pour prendre un verre au Skybar… En fin de compte, le lobby est devenu une véritable extension de la rue, ce qui le rend dynamique en permanence.

Pouvez-vous nous parler des matériaux, de la lumière, des textures et des couleurs qui animent le lieu ?
En collaborant avec l’agence 8’18’’, nous avons déployé un vocabulaire assez fort en termes d’éclairage, qui est systématiquement intégré au plafond et au mur d’une manière subtile et souligne l’écriture circulaire que nous avons mise en place. Pour les teintes au sol, nous avons opté pour du gris et du noir, sobre, dont le caractère urbain suggère là encore le prolongement de la rue. Des habillages muraux en noyer apportent de la chaleur ; l’aluminium anodisé, lui, donne une touche de modernité avec de la maille ajourée appliquée au plafond de la ballroom. Dans les chambres, les têtes de lit, les chevets, les luminaires, les bureaux… ont presque tous été dessinés sur mesure, tout comme certains grands mobiliers dans les espaces communs (banquette, table commune en terrazzo…).

 

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