I Il fut un temps où la cuisine était le lieu de vie par excellence, où les générations de jadis – familles et proches – se réunissaient autour de grandes tables dans de vastes espaces. Puis la donne a diamétralement changé, faisant d’elle une pièce à cacher, domaine de la bonne ménagère comme le voulait la société patriarcale de l’époque, et malgré tout objet de convoitise et de comparaison, car symbole d’ascension sociale. La roue a de nouveau tourné et la cuisine est finalement revenue sur le devant de la scène comme pièce préférée des Français, avec du décloisonnement à tout-va et une ouverture de plus en plus prononcée sur les espaces de vie. Au-delà du lieu de réunion, la cuisine est devenue un véritable marqueur social, la pièce à mettre en avant. Une pincée de design, une cuillère d’authenticité et une bonne louche d’ouverture sur l’habitat nous donnent la recette de la cuisine d’aujourd’hui. Espace transversal par excellence, elle est plus que jamais au centre des aménagements intérieurs, et outrepasse son rôle premier lié à la préparation des repas.

Concevoir une cuisine n’est plus un exercice purement fonctionnel, et interroge profondément les façons d’habiter au regard de la diversité des pratiques, de la multiplicité des images qui s’y rattachent, et des différents processus d’identification que ces images entraînent. Faire la cuisine est devenu tendance, les émissions culinaires fleurissent sur les écrans de télévision du monde entier, poussant la volonté de mise en scène des particuliers. Entre îlot central, matériaux naturels et quête d’authenticité, la démarche architecturale ne consiste finalement qu’à suivre cette logique de valorisation sociale et d’affirmation identitaire… permettant aux professionnels de l’aménagement intérieur d’exprimer toute leur créativité.