Quoi de pire qu’un brouhaha ambiant ou un écho mal contrôlé en pleine séance de travail ou lors de joyeuses festivités ? C’est le défi auquel sont quotidiennement confrontés les architectes d’intérieur et autres acousticiens, notamment dans les projets recevant du public. La dimension sonore revêt une importance primordiale aussi bien dans une habitation particulière que dans les ERP, tant les phénomènes de réverbération peuvent devenir un véritable problème. Rigidité des matériaux environnants, température ambiante, pression atmosphérique… les données pouvant faire varier la transmission du son et sa vitesse sont multiples. Des éléments parfois immuables, qui poussent donc à agir directement sur l’espace afin de favoriser l’absorption des ondes longitudinales à l’aide de solutions adaptées. Au fil des pages suivantes, vous pourrez naviguer – en silence, bien sûr ! – entre divers projets récents, d’un immeuble de bureaux moderne à un centre de loisirs montagnard, d’une salle des fêtes allemande à une grandiloquente académie de police omanaise, d’un centre de recherche à un grand hôpital parisien… Les applications sont différentes, tout comme les méthodes employées, en fonction de l’effet esthétique souhaité. Panneaux en bois, plafonds monolithiques, toiles tendues avec du molleton, dalles en laine de roche… il y en a pour tous les goûts !

Par Brice-Alexandre Roboam

Isolation phonique pour bureaux hambourgeois

Hambourg est l’une des plus importantes villes d’Allemagne. Deuxième en nombre d’habitants, la cité bâtie près de l’embouchure de l’Elbe demeure surtout le premier port du pays et le troisième d’Europe en volumes de marchandises. Rien d’étonnant dès lors que des industries lourdes telles que la sidérurgie s’y soient installées. Parmi elles, l’actuel site Phoenixhof en conserve l’héritage: la forge fondée en 1880 par des Belges s’est consacrée dès 1915 à la production de machines et moteurs marins. Malgré le vaste bombardement meurtrier de la ville pendant la Seconde Guerre mondiale, le lieu en sort quasi indemne. Après différentes affectations, il devient une zone d’affaires au milieu des années 90 et prend le nom de Phoenixhof. De nombreux bâtiments ont été réhabilités et de nouveaux édifices ont vu le jour. Parmi eux, Landmark 7 et Phoenixkontor 1, livrés respectivement en 2017 et l’année dernière. Immeubles de bureaux, ils ont tous deux été conçus par l’agence locale d’architecture HM Architekten, qui a évidemment élevé la dimension acoustique des intérieurs au rang de priorité. Les deux structures ont demandé des approches distinctes selon leur typologie: là où Landmark 7 préfère les petits espaces de travail regroupant jusqu’à six postes sur 2500 m2, Phoenixkontor 1 privilégie les open spaces et les vastes zones de communication sur 5850 m2. Pourtant, c’est une même solution – dans des formats différents – qui a été retenue: l’îlot Topiq Sonic Element de Knauf AMF. Composé d’un panneau lisse suspendu en laine minérale de 40 mm d’épaisseur, il absorbe les sons sur ses quatre côtés et permet d’amoindrir le phénomène de réverbération induit par l’utilisation massive du béton et des larges baies vitrées. Landmark 7 compte 78 îlots de 1200 x 1200 mm et 11 îlots de 1800 x 1200 mm, tandis que Phoenixkontor 1 se pare de 128 îlots de 1200 x 1200 mm et 288 îlots de 1800 x 1200 mm.

Un CRI bien étouffé

Fondé en 2006 par les deux chercheurs François Taddei et Ariel Lindner, le CRI (Centre de recherches interdisciplinaires) privilégie trois orientations principales: les sciences du vivant, les recherches en éducation et les technologies numériques. Rattaché à l’Université de Paris, il a d’abord pris ses quartiers dans le XIVe arrondissement parisien avant d’emménager fin 2018 dans le IVe, dans un nouveau campus entièrement rénové pour l’occasion. Grâce au soutien de la fondation Bettencourt-Schueller et à une subvention d’investissements de la Ville, l’hôtel de Maillé, ancien hôtel particulier et siège d’une laiterie industrielle, est devenu un vaste complexe de plus de 5300 m2 accueillant 350 étudiants. Campus universitaire par excellence, l’édifice ré-imaginé par l’agence Architecture Patrick Mauger se veut polyvalent, en multipliant les salles d’étude, de recherche et les espaces collaboratifs. Parmi eux, le Learning Center illustre à lui seul le parti pris architectural du lieu, avec ses 6,8 m de hauteur habillés de larges surfaces vitrées en façade comme en toiture. Des données qui forcent à accorder une attention toute particulière à l’acoustique, au risque de se retrouver dans une véritable cathédrale (au niveau sonore tout au moins)! Dessiné avec précision par l’agence d’architecture en amont, le plafond se compose finalement de 144 éléments Optima Baffles, réalisés sur mesure par Knauf Armstrong. De forme carrée (1 x 1 m), ils ont permis une pose suspendue rapide et en adéquation avec l’effet 3D contemporain recherché par les architectes. Leur installation en modules carrés et les 40 mm d’épaisseur de chaque Optima Baffle permettent de renforcer l’absorption acoustique en réduisant le temps de réverbération. Chaque élément est recouvert d’un voile de verre lisse et blanc afin de capter la lumière naturelle de la verrière et de la réfléchir jusqu’à 87 %. Un double effet son-lumière qui améliore en fin de compte le confort du lieu.